24 octobre 2006
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J'écris pour que le jour où je ne serai plus
On sache comme l'air et le plaisir m'ont plu,
Et que mon livre porte à la foule future
Comme j'aimais la vie et l'heureuse nature.
Attentive aux travaux des champs et des maisons,
J'ai marqué chaque jour la forme des saisons,
Parce que l'eau, la terre et la montante flamme
En nul endroit ne sont si belles qu'en mon âme.
J'ai dit ce que j'ai vu et ce que j'ai senti,
D'un coeur pour qui le vrai ne fut point trop hardi,
Et j'ai eu cette ardeur, par l'amour intimée,
Pour être après la mort parfois encore aimée,
Et qu'un jeune homme alors lisant ce que j'écris,
Sentant par moi son coeur ému, troublé, surpris,
Ayant tout oublié des épouses réelles,
M'accueille dans son âme et me préfère à elles...
Extrait de : L'Ombre des Jours dans Anthologie des Poètes français contemporains (Delagrave, 1926)