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  • : Anamnêsis
  • : Lire et contempler, découvrir et écouter : des livres et des paroles, des arts et des hommes.
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La Librairie AMK

présente
une exposition-vente
permanente
des gravures de
Bernadette
Planchenault
 et de
Ilona Kiss
des dessins aquarellés de
 
Séverine Maréchal
et des collages et encres de
 
Bruno Lanza
et
 Leandro Figueiredo

Plus d'infos ici.

Prolégomènes

anamnêsis : du grec réminiscence. Ensemble des informations que fournit le malade (ou son entourage) au médecin sur l’historique de sa maladie.

Jadis

Contours

Nulle autre prétention ici que de préciser quelques contours d'une mémoire volatile, et de les fixer pour un temps indéterminable. Nulle autre ambition que de les donner à voir au passant occasionnel, qu'un clic fortuit aura mené jusqu'à cette place, et de peut-être créer l'opportunité d'une découverte. Qui sait ?

8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 19:19

 

Contre ma poitrine

La place qu'avait ta tête

Est demeurée libre

 

Dominic Deschênes, 2003, Reste ce qu'on l'on perd, Editions du Sablier

 


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31 mars 2008 1 31 /03 /mars /2008 12:54

 

Je m’appuierai si bien et si fort à la vie,
D’une si rude étreinte et d’un tel serrement
Qu’avant que la douceur du jour me soit ravie
Elle s’échauffera de mon enlacement.

La mer, abondamment sur le monde étalée,
Gardera dans la route errante de son eau
Le goût de ma douleur qui est âcre et salée
Et sur les jours mouvants roule comme un bateau.

Je laisserai de moi dans le pli des collines
La chaleur de mes yeux qui les ont vu fleurir
Et la cigale assise aux branches de l’épine
Fera crier le cri strident de mon désir.

Dans les champs printaniers la verdure nouvelle
Et le gazon touffu sur les bords des fossés
Sentiront palpiter et fuir comme des ailes
Les ombres de mes mains qui les ont tant pressés.

La nature qui fut ma joie et mon domaine
Respirera dans l’air ma persistante odeur
Et sur l’abattement de la tristesse humaine
Je laisserai la forme unique de mon cœur.

Anna de Noailles, 1901, Le cœur innombrable, Calmann-Lévy.


 

 

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5 février 2008 2 05 /02 /février /2008 11:16

Je pousse
entre les pierres des murs
là où
elles sont posées
là où elles sont scellées
là où elles forment des voûtes
 
là je me glisse
graine aveugle
dispersée par le vent
 
dans les fêlures du silence
je prolifère patiemment
j’attends que les murs s’écroulent
et retournent à la terre
 
je recouvrirai alors
les visages et les noms
 
                                                           1962


Tadeusz Różewicz, 2005, Inquiétude, Buchet/Chastel.
 
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19 décembre 2007 3 19 /12 /décembre /2007 19:19
… Quand il eut atteint le doux printemps
Viril et qu’un duvet crût sur ses joues,
Il songea à de possibles noces,
A Hippodamie, illustre fille du roi de Pise,
Eunomaos, en Elide. Et seul, le long de la mer grise,
Dans la nuit noire, il marcha près du flot grondant.
Il appela le Maître du puissant trident,
Et celui-ci lui apparut, tout proche. Et il lui dit : « Ô Poseidon,
Terrible ! Si jamais tu as reçu de moi le tendre don
De l’amour, viens à mon aide !
Que mon char vole, et qu’il triomphe, et qu’il précède
Celui du roi Eunomaos, aux plans atroces !
Ce tueur a jeté bas, prétendant après prétendant,
Vaincu treize hommes, et ainsi retarde
Les noces de sa fille ! Le danger
Est grand et ne veut pas d’un lâche.
Mais enfin, puisqu’il faut mourir, dois-je, étranger
A tout espoir, sans que jamais je me hasarde,
En quelque coin obscur m’asseoir, vieillir anonyme, sans avoir
Rien eu de ce qui est beau ? Cette tâche
Si noble est pour moi. Et fais qu’heureuse en soit l’issue !
Il dit ainsi et sa prière fut reçue :
Il obtint un char d’or, un attelage ailé, immortel.
Il vainquit l’insolent roi et mit dans son lit la vierge.
Et elle lui enfanta six fils aux vertus sublimes.
Et il dort maintenant sur la berge
De l’Alphée, et le sang des victimes
Ruisselle sur sa tombe, et les pèlerins à son autel,
Viennent en masse…
 
Marguerite Yourcenar, 1979, La Couronne et la lyre, Pindare : Première Olympique, 67-93, Poésies Gallimard.
 
 
 
 
 
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6 novembre 2007 2 06 /11 /novembre /2007 12:38
 
Into my heart an air that kills
 From yon far country blows :
What are those blue remembered hills,
 What spires, what farms are those ?
 
That is the land of lost content,
 I see it shining plain,
The happy highways where I went
 And cannot come again.

From A Shropshire Lad, 1887

 

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19 octobre 2007 5 19 /10 /octobre /2007 15:00


 

Frondaisons pourprées
qui vous êtes effeuillées
dans l'eau du torrent
laissez au moins vos reflets
en souvenir de l'automne.

 

  

 


Ryôkan et Teishin, La rosée d'un lotus, 2002, Gallimard.

 

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21 septembre 2007 5 21 /09 /septembre /2007 12:14

L’eau est pensive
comme un ciel gris,
et le babil des lavandières
cachées par le bambou,
voltige doucement sur l’eau
sans une ride.
Le parfum de l’été
soupire et disparaît.
Comment le retenir
avant qu’il ne s’efface ?
 
Poème chinois
Aqueduc en bambou à Hong Kong. Gravure originale de T. Allom, gravée par H. Adlard, 1843.
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22 juillet 2007 7 22 /07 /juillet /2007 15:16

 

Reste-t-il du temps
pour lui dire,
Mère,
bonsoir,
je suis revenu
avec une balle dans le coeur.
Mon oreiller est là
je veux m'allonger
et me reposer.
Si la guerre
revient frapper à la porte
dites-leur : il est en train
de se reposer.

Ghassan Zaqtan, Palestine.

 Poésies essentielles...

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8 juillet 2007 7 08 /07 /juillet /2007 17:07

Et nous sommes rentrés dans l’or des soirs étales…
Les arbres en bouquets semblaient nous accueillir.
La maison était fraîche et blanche d’astragales,
Et tout était conforme à notre souvenir.
 
Les lèvres sur nos fronts s’attardaient ; le regard
Semblait interroger nos squelettes transis.
Certains se retournaient sur nous, comme saisis,
Car nous étions des morts revenus par hasard.
 
Nos corps étaient de marbre et nous n’entendions pas,
Dans notre isolement, les rumeurs de la fête.
Tout nous semblait soudain si puéril et bête
Que nous aurions voulu revenir sur nos pas.
 
Mais la vie a repris, nous laissant à nos ombres ;
Et nous cherchons encore, à demi-réveillés,
Nos amis cheminant en longs troupeaux rayés
Sous la rouge lueur embrasant les nuits sombres.
 
Violette Maurice, 1976, Eaux mortes, Maison Rhodanienne de Poésie.


Poésies essentielles...

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25 février 2007 7 25 /02 /février /2007 17:38
                      Après une Lecture

                                            A Jean Rabeyrin
                                                       (dédié, mais non adressé)

             De ton livre, sans l’avoir lu,
J’avais subodoré l’ennui qui m’y consterne.
             Quelle endurance il m’a fallu !
J’en savais tout par cœur : l’Angoisse, l’Absolu,
             Du moderne ! encor du moderne !
 
             « Nous délivrera-t-on un jour
Des Grecs et des Romains ? » soupiraient nos grands-pères.
             Et moi, je soupire à mon tour :
« Nous délivrera-t-on de ces coups de tambour
             Obsédants et réglementaires ? »
 
             Ce n’est pas que j’en sois encor
A mépriser ton vers de n’être qu’une ligne.
             Tout ce qui brille n’est pas d’or,
Et je ne suis pas sûr de mettre Maldoror
             Après Casimir Delavigne.
 
             Mais ta révolte, et ton tourment,
Face à l’absurdité du Néant qui t’oppresse,
             Que c’est vieux ! que c’est assommant !
Et ne pourrais-tu pas me dire simplement
             Quelque chose qui m’intéresse ?
 
             Absurde, Néant, Désarroi.
J’y suis comme toi-même, et je parviens à vivre
             Sans aller m’en fournir chez toi,
Car le pire Néant, c’est celui que je vois
             Se manifester dans ton livre !
 
             Oui, je sais, l’Authenticité.
La plongée au Réel, le contact avec l’Être.
             Nous l’a-t-on assez répété,
Sont le chemin royal, unique, incontesté,
             Qui mène à Re-naître et Con-naître.
 
             Et c’est vrai, mais pour Hoelderlin,
Rainer Maria Rilke, Orphée ou Pythagore,
             Lorsque d’un texte sibyllin
Les creux sont plus charnus que le plein le plus plein
             De ton inanité sonore.
 
             Car, dis-moi, qu’as-tu découvert
Qui verse en mon esprit des clartés singulières ?
             Que le ciel est bleu, l’arbre vert,
L’existence un problème et le monde un désert :
             Il pleut des vérités premières !
 
             A ce compte-là, j’aimais mieux,
Même au prix d’un vers faible et de quelques chevilles,
             La doctrine de nos aïeux :
D’être attentif, adroit, modeste et sérieux
             Autant qu’un bon joueur de quilles.
 
             Un astre en ton ciel : c’est Rimbaud.
Je l’aurais parié. C’est le poncif suprême
             (Soixante ans de succès bientôt) :
Voyance fulgurante et frisson comme il faut :
             Insolite et toujours le même !
 
             Il s’y joint – et c’était fatal –
Ton credo sans nuance en des fins politiques
             Dignes d’un débile mental,
Tes slogans, tes fureurs, enfin tout l’hôpital
             Des cuistres qui sont fanatiques !
 
             « Penseur », et « témoin de ton temps »,
On m’avait dit encor que ton lyrisme excelle,
             En des accès intermittents,
A peindre le bonheur, la saveur des instants,
             Et la tendresse universelle,
 
             Que tu chantes les animaux,
Les femmes dans ton cœur et les fleurs sur ta route,
             Et que tu découvres les mots
Où butaient avant toi les poètes normaux
             Que tu n’as jamais lus, sans doute.
 
             Eh bien non ! ils s’y prenaient mieux,
Car la joie ou l’amour, la détente ou l’extase
             Sont des sujets tellement vieux
Qu’il n’était pas besoin, pour les rendre ennuyeux,
             De les revêtir de ta phrase.
 
             Et de ta phrase, ah ! parlons-en !
Bourreau de la syntaxe et du vocabulaire,
             Pesant, imposant, patoisant,
Suffisant, épuisant, mais jamais amusant,
             A quel sourd-muet peux-tu plaire ?
 
             Ah oui ! tu peux t’interroger
Sur le sens, la portée et l’ampleur du « message »
             Qu’il te plaît de nous infliger.
Moi, je suis au regret de trouver Béranger
             Aussi profond et bien plus sage.
 
             D’abord, son vers était un vers,
Ensuite sa pensée, un peu trop ingénue,
             Se passait des jupons pervers
Qu’il faut faire glisser pour aller jusqu’aux chairs
             De la tienne, alors deux fois nue !
 
             Je plains mes efforts superflus
Pour combler d’un vrai vide une fausse lacune.
             Tous tes vers, je les avais lus.
Rentre dans ton Néant, et surtout n’en sors plus,
             Adieu pour toujours. Sans rancune.
 
Victor Bernard, 1970, En toute innocence, Cerf-Volant.
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