Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Anamnêsis
  • : Lire et contempler, découvrir et écouter : des livres et des paroles, des arts et des hommes.
  • Contact

Evénements

La Librairie AMK

présente
une exposition-vente
permanente
des gravures de
Bernadette
Planchenault
 et de
Ilona Kiss
des dessins aquarellés de
 
Séverine Maréchal
et des collages et encres de
 
Bruno Lanza
et
 Leandro Figueiredo

Plus d'infos ici.

Prolégomènes

anamnêsis : du grec réminiscence. Ensemble des informations que fournit le malade (ou son entourage) au médecin sur l’historique de sa maladie.

Jadis

Contours

Nulle autre prétention ici que de préciser quelques contours d'une mémoire volatile, et de les fixer pour un temps indéterminable. Nulle autre ambition que de les donner à voir au passant occasionnel, qu'un clic fortuit aura mené jusqu'à cette place, et de peut-être créer l'opportunité d'une découverte. Qui sait ?

27 septembre 2006 3 27 /09 /septembre /2006 19:10
Le plus beau et le plus tragique poème d’amour qu’il m’ait été donné de lire. L’émotion reste intacte à chaque lecture… Ecrit en prison en 1942, Jean Genet le dédia à Maurice Pilorge, assassin de vingt ans. Maîtrise éblouissante de la langue et de la versification, et d’une exceptionnelle beauté poétique et intensité dramatique. Un chef-d’œuvre absolu.

Sur mon cou, sans armure et sans haine, mon cou
Que ma main plus légère et plus grave qu’une veuve
Effleure sous mon col, sans que ton cœur s’émeuve,
Laisse tes dents poser leur sourire de loup.
 
Ô viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d’Espagne,
Arrive dans mes yeux qui seront morts demain.
Arrive, ouvre ma porte, apporte-moi ta main,
Mène-moi loin d’ici battre notre campagne.
 
Le ciel peut s’éveiller, les étoiles fleurir,
Ni les fleurs soupirer, et des prés l’herbe noire
Accueillir la rosée où le matin va boire,
Le clocher peut sonner : moi seul je vais mourir.
 
Ô viens mon ciel de rose, ô ma corbeille blonde !
Visite dans sa nuit ton condamné à mort.
Arrache-toi la chair, tue, escalade, mords,
Mais viens ! Pose ta joue contre ma tête ronde.
 
Nous n’avions pas fini de nous parler d’amour.
Nous n’avions pas fini de fumer nos gitanes.
On peut se demander pourquoi les Cours condamnent
Un assassin si beau qu’il fait pâlir le jour.
 
Amour viens sur ma bouche ! Amour ouvre tes portes !
Traverse les couloirs, descends, marche léger,
Vole dans l’escalier plus souple qu’un berger,
Plus soutenu par l’air qu’un vol de feuilles mortes.
 
Ô traverse les murs ; s’il le faut marche au bord
Des toits, des océans ; couvre-toi de lumière,
Use de la menace, use de la prière,
Mais viens, ô ma frégate, une heure avant ma mort.

Extrait de : Le Condamné à mort et autres Poèmes (Poésies/Gallimard, 1999)


Partager cet article
Repost0

commentaires